Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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lundi 25 mai 2009

Bibliothèques publiques et archithécaires

Lionel Maurel présente et commente un intéressant article de ZNet sur son blogue Silex :

The Global Digital Public Library Network : une utopie ?, 24 mai 2009 ici

Bill Kallman : The Case for a Global Digital Public Library Network Policy.

C'est à lire vraiment. Cela tranche avec les polémiques françaises actuelles, à mon avis bien vaines, sur les lois en tout genre.

J'apprécie tout particulièrement la comparaison avec le modèle de la radio. Cela n'étonnera pas mes anciens étudiants du cours sur l'économie du document, petit à petit, on se rapproche de l'idée du pentagone (voir ici)

vendredi 03 octobre 2008

Quel auditoire pour la conférence d'Hervé ?

Suite à mon dernier billet (ici), plusieurs commentateurs ont fait des suggestions pour la mise en ligne de la conférence de Hervé Le Crosnier. Je voudrais d'abord les remercier, leur indiquer que le service informatique de l'EBSI avait déjà étudié ces possibilités, et aussi les rassurer. La conférence est, en effet, maintenant en ligne et vous pouvez la consulter :

Hervé Le Crosnier Web-Documents, réseaux sociaux et extraction sémantique : de la conversation à la bibliothèque, conférence donnée à l'école de bibliothéconomie et des sciences de l'information le 11 septembre 2008 ici. (message perso aux étudiants du cours : ne vous précipitez pas sur le visionnement, il est au programme dans 15 jours..)

En réalité le problème n'était pas tant de trouver une alternative externe pour diffuser la conférence, il en a plusieurs en effet, que de s'interroger sur l'opportunité et les conséquences d'un tel choix. Ce petit épisode nous a fait bien réfléchir. Et je crois qu'il y a deux dimensions à la réponse, une politique ou stratégique et une autre tactique.

La première a été soulignée par le commentaire de Hervé au billet précédent. Les universités (individuellement ou en coopération) doivent-elles abandonner la maitrise de la diffusion des savoirs ? À la réflexion, cette question est relative. On n'a pas attendu le numérique, loin de là, pour confier cette diffusion à des opérateurs privés, à commencer par les éditeurs de livres, qui mutadis mutandis ne font pas vraiment dans ce qu'on appelle aujourd'hui l'accès ouvert. Pourquoi en serait-il différemment sur un autre support ? Sans doute, la problématique est plus profonde, parce que les positions industrielles sont très puissantes et parce qu'elle dépasse la simple diffusion. Mais, il s'agit alors de bien autre chose que la question première de la mise en ligne d'une conférence.

La seconde dimension est plus tactique et, dans ce cas précis pour moi au moins, plus intéressante. Aller à la facilité en externalisant la diffusion de la conférence, c'est ne pas réfléchir à la réalité de notre objectif. Il ne s'agit pas de maitriser le système de diffusion, mais de maitriser la relation avec notre cible ou le contact avec ceux qui vont visionner la conférence. Déposer la vidéo sur YouTube, par exemple, aurait sûrement fortement élargi son audience, mais est-ce vraiment ce que nous souhaitons ? Pas sûr. Il est parfois préférable de toucher un auditoire plus restreint pour être mieux compris et mieux entendu. Il est aussi préférable de garder le lien étroit entre l'EBSI et la conférence. Nous ne cherchons pas à rivaliser avec les médias de masse, chacun sa mission. Nous n'avons pas non plus les moyens de gérer une trop large notoriété.

J'ai un peu la même attitude avec ce blogue. Sans doute je suis content s'il a du succès et s'il est lu en particulier par des lecteurs que je ne connais pas ou pas encore, mais pas trop. Je préfère un lectorat quantitativement modeste, mais de qualité. Je ne serai pas capable de gérer un vaste auditoire et la parole débridée qui l'accompagne. C'est pourquoi je reste très parcimonieux sur les référencements. Je n'ai pas dans les bandeaux de tous côtés toute la quincaillerie des blogueurs geeks, je ne suis pas sur les réseaux sociaux, ni abonné à twitter, etc.

C'est tout le paradoxe de proposer des documents «dans le ciel» comme dirait S. Harnad. Tout le monde peut les lire. Mais ici l'objectif n'est pas que tout le monde les lise, mais plutôt que les quelques individus dispersés, peut-être inconnus, intéressants et intéressés à ces sujets, puissent les lire et qu'ainsi ils entrent en contact avec nous. Alors, je crois qu'il est plus efficace de garder la maîtrise de ces outils, même si l'on se prive d'une expérimentation des soubresauts du Web2.0.

H. Simon parle des limites de l'attention. Celles-ci valent dans les deux sens, pour le destinataire, mais aussi pour l'émetteur. Et je crois que la meilleure politique, c'est de connaitre ses limites pour exploiter au mieux ses potentialités. C'est plus difficile quand apparemment les barrières tombent.

Belle mise en abîme en tous cas avec le sujet de la conférence de Hervé !

vendredi 29 août 2008

«Une discipline unique»

Dans cette situation, il devient nécessaire de reconsidérer les principes chers à l’archivistique : intégrité, fidélité, authenticité, mais aussi d’ouvrir les frontières pour s’inspirer de la bibliothéconomie et de la documentation. L’archivistique audiovisuelle et numérique devient alors une discipline unique, au croisement de ces trois disciplines et qui ne peut être amalgamée à aucune d’entre-elles en raison de ses caractéristiques distinctives.

Extrait de :

Élodie Gagné, L’été à l’EBSI Archivistique audiovisuelle et numérique Une première pour un cours d’été, La Référence 26 août 2008. ici

On dirait des «archithécaires» (ici ou ou encore )..

Le numéro de rentrée du journal étudiant de l'EBSI vient de sortir (), on l'aura compris.

Complément du 1 septembre 2008

À lire l'intéressant et fouillé billet de Karin Michel : Karin Michel, “Diplomatique et numérique : ça rime… , Fil d’ariane, Août 31, 2008, ici.

lundi 19 mai 2008

Archivistique et Cloud computing

L'expression consacrée pour le calcul parallèle est maintenant Cloud computing. Elle renvoie à une technique informatique ancienne visant l'amélioration de la performance des machines pour de très gros calculs scientifiques, mais elle est aujourd'hui appliquée pour notre communication et documentation ordinaire grâce aux centres de données mis en place par les firmes comme Google ou Amazon dans le cadre de leur activité.

Christian Fauré vient de prononcer une intéressante conférence à l'association Ars Industrialis sur le sujet. Il faut passer au-dessus de la tentative un peu agaçante de vouloir enfermer le propos dans une pensée globalisante, qui est le péché mignon de cette association pilotée par B. Stiegler. Je ne suis pas sûr, par exemple, que la théorie des coûts de transaction soit applicable à ce phénomène et encore moins d'A. Gramsci et son intellectuel organique aient vraiment un rapport, pour parler d'auteurs que je connais un peu. Néanmoins le propos de C. Fauré est important pour la thématique de ce blogue, très important même. Il rejoint des constatations faites par François Bourdoncle, responsable d'Exalead, entendues à la journée d'études évoquée dans le précédent billet.

Christian Fauré, La gigantomachie autour des data centers, 17 mai 2008, Vidéo (je n'ai réussi qu'à avoir le son sur ma machine)

La puissance des centres de données des firmes s'adressant au grand public, alliée à la facilité pour l'utilisateur (ergonomie, rapidité..) des outils documentaires et de communication disponibles tend à externaliser l'activité documentaire des organisations. Chacun peut en faire l'expérience quand il utilise Gmail ou Yahoo! plutôt que la messagerie mise à sa disposition par son organisation, ou quand il préfère un de leurs services partagés pour un travail collectif. Les demandes des utilisateurs, habitués à la facilité des outils qu'ils ont expérimentés dans leur vie quotidienne privée et dans leur loisir, sont de retrouver le même confort sur leur poste de travail. Or cette puissance de calcul est hors de portée de chaque organisation prise individuellement et les outils internes ne peuvent rivaliser avec ceux mis à disposition gratuitement par des firmes qui se rémunèrent sur un autre marché, en particulier celui de la publicité.

Toute organisation est confrontée à ce phénomène, y compris les universités où les étudiants, les chercheurs et les professeurs, font suivre leur courriel dans leur boite Gmail, ouvrent des blogues ou des services partagés pour leurs travaux à l'extérieur des services informatiques à leur disposition. Bien sûr cela pose des problèmes de confidentialité, mais l'essentiel est ailleurs.

Comme le souligne C. Fauré, l'organisation elle-même se trouve menacée, comme si des morceaux essentiels de son activité lui échappait de plus en plus. Il s'agit ni plus ni moins de ce qui la cimente : sa communication et sa mémoire. J'ajouterai pour ma part que le problème est d'abord archivistique, au sens québécois des archives intégrées. Les archivistes jusqu'à présent étaient confrontés avec le numérique à une explosion quantitative et qualitative, mais elle ne remettait pas vraiment en cause leurs principes fondamentaux. Ils font face avec ce phénomène à un défi beaucoup plus grand. Comme les bibliothécaires avant eux qui ont vu leurs fonctions principales s'externaliser (collection, traitement, accès..). les archivistes voient à leur tour les documents leur échapper.

Il y a là une réflexion à mener d'urgence et des pratiques nouvelles à inventer. Selon que l'on est optimiste, on dira que l'archiviste sera celui qui sauvera l'organisation de son éclatement documentaire en lui permettant de ne pas perdre sa mémoire vive et à long terme, ou pessimiste que l'archivistique va s'éclater et ses compétences se diluer avec l'organisation elle-même.

Actu du 20 mai 2008

Voir le billet de D. Durand sur l'investissement de MS dans le domaine :

Cloud computing: microsoft monte sur le nuage avec 100+ millions de boîtes à lettres Exchange pour 2012, Média & Tech, 20 mai 2008. Ici

Actu du 21 mai 2008

Repéré par le compte-rendu de Virginie Clayssen (ici), voir l'excellente synthèse :

Naugès Louis, Web 2.0, “On the cloud” : mais où ?, 13 avril 2008,.

et en suivant les liens, suite à la question d'A. Pierrot en commentaire :

Koomey Jonathan G., ESTIMATING TOTAL POWER CONSUMPTION BY SERVERS IN THE U.S. AND THE WORLD, Final report, February 15, 2007. Pdf (pas encore lu)

Actu du 31 mai 2008

Repérés par F. Pisani (ici) qui en fait une lecture un peu superficielle, deux articles de presse sur le sujet :

Down on the server farm, The Economist, 22 mai 2008. ici

Thompson Bill, Storm warning for cloud computing, BBC-News, 27 mai 2008.

Actu du 7 juin 2008

Repéré grâce à H. Le Crosnier, cet article ancien mais révélateur :

Stephen Baker, “Google and the Wisdom of Clouds,” BusinessWeek: magazine, Décembre 13, 2007, ici.

vendredi 09 mai 2008

Archithécaires toujours..

Cette semaine est celle des Congrès professionnels au Québec. Aujourd’hui s’ouvre dans la ville de Québec le congrès de l’Association des Archivistes du Québec (ici). Dans la seconde moitié de la semaine, se déroulera le congrès conjoint de la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec et de l’Association pour l’avancement des sciences et des techniques de la documentation (). Malheureusement je n’ai pas la disponibilité pour y assister.

Alors pour réduire un peu ma frustration, voici juste quelques réflexions complémentaires. J’ai proposé l’année dernière le néologisme, un peu barbare mais éloquent, d’ «archithécaire» (voir et aussi ) pour signifier l’effacement par le numérique ou le déplacement de plus en plus manifeste des frontières entre les fonctions bibliothéconomique et archivistique. L’occasion est bonne pour y revenir.

L’archivistique québécoise prône une vision intégrée qui ne réduit pas l’archiviste à une intervention in fine, quand il ne reste plus qu’à conserver et classer des documents devenus inactifs, mais au contraire prend en compte la gestion des documents courants. En France, l'archivistique dominée par l'École nationale des Chartes, met en avant les archives historiques. Pour les archives courantes, on y reprend l’expression anglophone de records management (bonne présentation ici) dont la fonction relève souvent des documentalistes.. que l'on préfère appeler bibliothécaires spécialisés au Québec. Ainsi d'un côté et de l'autre de l'Atlantique, une même fonction est assumée par deux familles différentes des professions documentaires. Difficile d'illustrer plus clairement que dans le monde de l'organisation, la gestion des documents doit être assumée dorénavant avec une vision globale.

Au congrès de l'AAQ, Carol Couture présente un premier bilan de la fusion des Archives nationales du Québec et de la Bibliothèque nationale devenue pour l'occasion BAnQ. Le bilan est éloquent. La synergie a permis une forte amélioration des capacité financière, des ressources humaines et de l'organisation

  • Soutien d’une équipe informatique spécialisée dans la gestion d’outils propres au domaine documentaire
  • Refonte en profondeur de l’interface Web de Pistard
  • Développement d’interfaces de repérage pour certaines séries d’archives numérisées (Ex: les greffes de notaires)
  • Développement du site généalogique Voici ma famille et de son moteur de recherche
  • Développement d’un extranet dédié aux organismes publics et privés du milieu des archives en mode informationnel et bientôt interactif
  • Hébergement et prise en charge du Réseau de diffusion des archives du Québec
  • Renouvellement complet des équipements informatiques des centres d’archives
  • Accélération sensible de la numérisation des archives
    • de 900 000 images numérisées au moment de la fusion, on en est maintenant à plus de 2 000 000. Par ailleurs, 50 000 000 d’images à forte teneur généalogique seront numérisées en partenariat avec la Société généalogique de l’Utah dans un horizon de 5 ans

Autre exemple, au congrès de la CBPQ-ASTED, Gérard Boismenu présente l'initiative de Bibliothèques et Archives Canada, intitulée: Stratégie canadienne sur l’information numérique (voir ici). La présentation de son intervention indique : La question première et qui reste posée, ne concerne pas tant l’opportunité d’une action concertée en matière d’information numérique au Canada, mais bien plutôt la capacité de réalisation d’une telle action au Canada. Tout le monde s'accorde en effet à penser que les problématiques sont transversales aux professions. Reste à trouver la meilleure échelle pour l'application de ces principes.

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